Agriculture urbaine
Stéphane Gautier
EXPOSITION
« Au Terroir Parisien, le chef étoilé peut se mettre à table. Choux
de Pontoise, salades maraîchères, tomates juteuses ou pissenlits
goûteux, Yannick Alléno les cueille sur le 9ème étage de la Maison
de la Mutualité, à cœur et en plein cœur de la Capitale : promesse
de l’appellation tenue. L’ingénieur Nicolas Bel en est à l’origine.
Co-fondateur de l’association « Potager sur les toits », ce spé-
cialiste de l’agriculture urbaine croît aux potentialités de la ville,
résilience comprise. À quelques rues de là, dans le même quartier
latin, son expérimentation sur les hauteurs de l’école AgroParisTech
le confirme. Son système de bacs en « lasagnes », superposant
terreau, compost de déchets recyclés et billes d’argile, livre non seulement
des légumes savoureux, délestés de la pollution automobile,
mais le bien-fondé des circuits courts, gagnants sur toute la ligne :
à la faveur de transports réduits, les cultures optimisent leur bilan
environnemental, tout en s’ouvrant à une diversité d’espèces, aussi
fragiles que gustatives. Une pousse isolée ? Foin. Potagers, pelouse,
nichoirs, ruches : évaluée à 320 hectares, cette cinquième façade de
la ville commence à être squattée tous azimuts…
Depuis quelques années, c’est une génération spontanée d’initiatives
qui verdit Paris. Une révolution citoyenne, hybridée par les pouvoirs
publics. Éclos il y a dix ans, les jardins partagés essaiment leur bouture
dans la moindre friche, pendant que les jardins familiaux, autrefois
cantonnés aux banlieues ouvrières, ont passé le périphérique et
acquis droit de cité au pied d’immeubles HLM. Alors que les abeilles
prennent de la hauteur, invitées même aux balcons, des poules jouent
les coqs gaulois dans les arrière-cours. Le fret crie lui aussi à l’abordage
écologique, de la Seine au canal de l’Ourcq.
Cette composition bucolique gagne les espaces verts, sevrés d’engrais
chimiques, plantés de fleurs sauvages, tondus par des moutons, entretenus
grâce à des chevaux qui tractent les grumes et amendent
les massifs de leur fumier. De parterre en coin de bitume fleurissent
des jardinières éphémères, où s’invitent parfois des primeurs… avec
un cri du cœur, planté par le mouvement bénévole et partageur des
Incroyables comestibles : « mangez moi, c’est gratuit ! ».
27 MARS > 17 MAI 2015
AU SQUARE CRÉTÉ ( 6 )
http://www.corbeil-essonnes.com/IMG/pdf/programme_de_l_oeil_urbain_festival_photo_2015.pdf